Et puis un jour, bing ! La tuile : diagnostic sans appel des
spécialistes :’’Vous êtes atteint de glaucome, on doit vous traiter
et vous opérer’’, Là, je fais très court, après « le choc frontal »
du diagnostic. Traitement à vie et 3 interventions chirurgicales.
Moralement et physiquement, ça modifie quand même
sérieusement votre «regard» sur vos espérances calligraphiques!
Mais volonté, et foi aidant, en la vie et en l’absolu que je nomme
Dieu, j’ai persévéré dans la démarche, et au bout de quelques années le glissé de la plume me donnait quelque satisfaction, ne serait-ce qu’en réalisant quelques travaux d’écriture pour les diverses grandes occasions qui ponctuent la vie sociale ou familiale des uns et des autres. Tout en confirmant l’alliance thérapeutique de la rectitude et de la souplesse comme elles se marient en calligraphie.
Et puis un jour, Tuile bis ! Accident vasculaire cérébral. Alors là, j’ai vu dame calligraphie préparer ses bagages pour un aller simple. Et j’ai eu très mal ; indescriptible,’’ no comment’’, chacun peut imaginer à son « mode » à lui. Entouré comme on pourrait le souhaiter pour tout un chacun, j’ai repris la plume, « galère-galère », pour voir revenir dame calligraphie qui s’était octroyée un billet de
retour en douce à mon insu et ma grande joie ! Et ça repart …
jusqu’au 3 ème … Tuile ter ! :’’Monsieur on doit vous opérer
d’urgence pour un décollement de la rétine ! « Rail » en silicone
pour ’’scotcher’’ la rétine (et je passe sur les douleurs
pratiquement permanentes depuis 2 ans).
A ce moment –là, je me suis dit … enfin imaginez un peu ! Même avec des corrections visuelles adaptées, il y a un œil qui voit petit et l’autre qui voit plus grand. Allez donc viser juste avec votre calame, votre William Mitchell, ou votre Hiro Léonard biseautée ! « Raccourci clavier » sur la suite, c’est reparti ; mais sur les petits formats ou petites polices d’écriture, c’est « hard », mais faisable, en faisant des exercices avec un seul œil etc.…
Cette passion du bel écrit en a « contaminé » quelques uns ; j’ai pu leur apporter ma modeste expérience, et je me réjouis de ce que cela a pu faire naître en eux.
Tout ça pour dire que malgré des situations qui mettent sérieusement en péril l’avenir calligraphique, il reste dans le cerveau humain des capacités neuronales insoupçonnées.
L’acte calligraphique, le mariage de la rectitude et de la souplesse, la tension sans surtension, permettent d’apporter un éveil « d’harmonique », aux personnes porteuses d’handicaps divers, et à des personnes âgées comme à de plus jeunes, la possibilité de réactiver des capacités créatrices source d’harmonie, voire de meilleure adaptation du geste, d’apaisement intérieur.
Les techniques que tout calligraphe et apprenti scribe connaissent, le respect de l’angle d’écriture, le ductus, le plein le délié et une foule d’autres impératifs magnifiquement décrits dans les ouvrages de référence, sont un cadeau dans la main et le cœur de l’homme. Sommes –nous conscients, nous simples scribes de ce que nous devons à nos maîtres ? Le but de la calligraphie est certes de « bien et bel écrire »,mais aussi , histoire de paraphraser Gustave Flaubert dans une lettre du 31 mars 1853 à propos de la poésie, être « un organe spécial qui tamise la matière et qui, sans la changer, la transfigure » ! Nos deux hémisphères cérébraux y participent à l’aune de l’ouverture du cœur.
Ces deux dernières années 2009 et 2010, 2 nouvelles interventions ont amélioré la vision du scribe de service; il y avait longtemps que je n'avais utilisé une vision vraiment binoculaire pour écrire. Le chirurgien a eu droit à une calligraphie; normal non? Ainsi je peux continuer de partager avec d'autres la douce joie du bel écrit.
J’exerce la profession de kinésithérapeute depuis 1966, date de l’obtention de mon diplôme à l’IFMK de LYON, université Claude Bernard. Nous sommes en 2007, autant dire que je ne suis plus tout jeune (bon allez, je suis né en 1945),
Mes études d’ostéopathie, de médecine chinoise et un goût immodéré de la technique du trait du dessin et de la géométrie de la forme m’ont orienté un jour vers l’apprentissage de la calligraphie.
Il y a une quinzaine d’années, j’ai rencontré celle qui
allait devenir mon maître en calligraphie, Mardha Le
Bruchec, qui exerce en pays d’Auray dans le Morbihan,
au sein de l’association « Recherche de l’Harmonie », dont
je suis membre.
Rechercher l’harmonie, j’en ai eu le souci tout au long
des 41 ans de vie professionnelle auprès de tous les
blessés et handicapés que j’ai eu l’honneur de soigner et
donc de servir, en redonnant du mouvement, en apaisant la douleur et la souffrance, en modelant la chair, si je puis m’exprimer ainsi.
Les cours de calligraphie m’apportaient énormément de satisfaction, tant dans la joie de l’exécution du trait que de toutes ses implications dans le jeu d’échange de balles entre « cerveau droit –cerveau gauche ». Et aussi dans la disponibilité de cœur dans laquelle je pouvais me poser pour mon travail.
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